Abandon Coronavirus
Charleville-Mézières – Par peur (infondée) qu’ils transmettent le coronavirus, certains abandonnent leurs animaux.
Ces derniers jours, les refuges animaliers, un peu partout en France, lancent un cri d’alarme : certains n’hésitent pas à abandonner leurs animaux de compagnie, de crainte que ceux-ci ne transmettent le coronavirus. Alors qu’absolument rien n’abonde en ce sens. De quoi déstabiliser encore un peu plus des structures souvent saturées, alerte Sabrina, présidente de la Ligue dans l’intérêt de la société et de l’animal (association LISA), à Charleville-Mézières. « D’autres refuges nous parlent d’une recrudescence des abandons depuis qu’on a entendu certaines rumeurs » infondées, explique-t-elle.
« Portes ouvertes et événements annulés représentent un manque à gagner certain. »
Elle ne comprend pas qu’aucune communication officielle ne soit mise en avant, « alors que tous les refuges vont être blindés ». À Charleville, il y a peut être un lien avec l’arrivée croissante de « vieux chiens en fourrière. On nous appelle aussi beaucoup pour nous demander de prendre des chats ». Or, la Lisa, en confinement, ne pourra pas accueillir de nouveaux animaux ad vitam aeternam, d’autant que les adoptions sont fort compliquées en ce moment.
S’ajoute à cette saturation un problème d’ordre financier : avec la crise sanitaire, événements et portes ouvertes, qui permettent de récolter des dons, ont été annulés en cascade.
Pas rien, pour une association qui indique avoir 6 000 euros de frais vétérinaires mensuels. Sans compter les sommes nécessaires à l’achat de nourriture pour les animaux accueillis. « D’ici la fin de semaine, nous allons mettre en place une cagnotte en ligne, sur notre site internet et notre page Facebook », poursuit Sabrina. La question se pose également pour la compensation du chômage partiel, qui va concerner trois salariés de l’association (lire par ailleurs).
Prolifération de chats
Autre inquiétude : on arrive tout doucement dans la fameuse « saison des chatons ». Or, les vétérinaires ne vont s’occuper que des urgences, la stérilisation des animaux errants va donc être, si ce n’est impossible, du moins très compliquée. Ce qui laisse craindre une multiplication du nombre de félins errants, qui pourrait annihiler une partie des efforts consentis par les associations comme la Lisa, en partenariat avec certaines communes…
Des compensation pour les associations ?
Si, pour les entreprises, une batterie de mesures sera déployée par l’État, les associations qui emploient du personnel se demandent à quelle sauce elles seront mangées, notamment au niveau du chômage partiel. Mardi, le secrétaire d’État Gabriel Attal auprès du ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse, se voulait rassurant sur ce point. « Les aides et appuis exceptionnels mis en place pour les entreprises leur sont ouverts », confirmait-il sur Twitter. Il renvoie toute association se posant des questions sur le sujet vers le site associations.gouv.fr, qui liste tous les dispositifs accessibles aux associations employeuses.
L’association Lisa, dont les bureaux sont pour l’heure fermés au public, reste joignable au 06 81 93 62 18.
Julien Azémar
Parution dans le journal l’Ardennais du 18 mars 2020
cf. « Soyez pas des chiens, n’accusez pas vos bêtes«